fiche bucky

partie histoire

may 1945, english channel // la mer dévora son squelette inconscient, son étreinte glacée embrassant chacun de ses membres, un à un, jusqu'à paralyser les nerfs. Sonné par l'explosion, son épiderme se métamorphosa en statut de marbre sans qu'il ne s'en rende compte. A peine avait-il eu le temps de sentir les éclats de métal lacérer son visage, et notifier l'absence de l'un de ses deux bras, que l'acuité de la détonation l'amputa de ses sens. La caresse indolente de la mer enveloppa James dans une torpeur perpétuelle. Les dernières secondes de lucidité s'achevèrent sur une mosaïque de photographies. Toutes dépeignaient des fragments capitaux d'une existence bien trop vite écourtée. Âgé seulement de vingt ans, le garçon n'était ni plus ni moins qu'un gamin. Comme tous autres adolescents que la guerre a enterré. Reconnu très jeune pour son aisance naturelle à l'art du combat, on l'affuble très - trop - tôt de responsabilités qui ne siéent guère à un jeune homme de quinze ans. Combattre aux côtés de Captain America, sous l'étendard de l'Union Jack comme manteau de gloire, et au nom de toutes les familles et tous les hommes auxquels la guerre a coûté. Une vocation toute taillée pour sa carrure. Il trouva en Steve Rogers un ami, un frère. Une famille pour combler l'absence de celle qu'on lui a retiré trop tôt. Captain America et son révéré side-kick, Bucky, niché derrière un masque et un costume aux couleurs de sa patrie. Mais le dessein du héros était maculé d'un doux mensonge. Si l'héroïsme de Captain America devait resté intacte aux yeux du peuple américain, les missions nébuleuses incombaient à James. Il souilla son épiderme de sang, pour que celle de Steve reste blanche. Un rôle dans lequel, en vérité, le jeune homme se complaisait, jusqu'à ce que sa témérité le précipite dans son tombeau de glace. Aux yeux du reste, James Buchanan Barnes était déchu, présumé désintégré dans l'explosion de l'avion, tandis que son corps reposaient figé dans les profondeurs de la manche, parfaitement conservé. Les traits encore poupons, les stigmates béantes, l'âme suspendue entre l'Eden et les abysses fumantes des enfers. Mieux valait-il peut-être être consumé par ses braises, qu'extirpé de son coma mortel. Bucky Barnes était mort et il en valait mieux ainsi pour le monde, mais dans l'abîme des vagues, ses phalanges cherchant à creuser le sol et s'y ensevelir, un sous-marin soviétique sonda sa présence. De James, il ne restait qu'une marionnette désarticulée et sans vie. Le ramener d'entre les griffes avides du Styx était un pari dangereux, qui porta pourtant ses fruits. Décharné de ses souvenirs, il ne portait dans son regard que les derniers instants de sa vie. Regret, effroi, confusion. Rien ne semblait juste. Il ne devrait pas être la. Mais où était sa place? Impossible de s'en souvenir. Son esprit peinait à remonter à la surface, encore enchaîné à la mer. Une coquille vide, voilà ce qu'il restait de James Buchanan Barnes. Mais cette coquille, ils pouvaient la modeler en arme, décharnée de son identité et de sa conscience. Un instrument du mal sous sa forme la plus hideuse : le pouvoir.

september 1945, department x // l’oppresseur murmure une prière en langue slave. L'écho tonne dans le crâne de l'américain, provoquant une migraine ardente. La douleur se polarise à ce seul endroit, s'attelant à faire s'effondrer les dernières ruines de sa psyché. Si l'accident lui avait dérobé l’entièreté de ses souvenirs, ils trouvèrent tout de même un moyen de le briser davantage. Le KGB monta James contre son propre camp, une arme contre le bloc américain. L'endoctrinement avait remplacé le libre-arbitre. Le soldat de l'hiver exécutait les ordres sans s'interroger. Aucun remords, aucune pitié ; un parfait pantin pour les desseins sombres du Département X. Ce dernier orchestra les assassinats de multiples figures politiques de l'ouest, tous de la main de Barnes. Mais Barnes n'était plus son nom. Bucky était mort dans l'explosion de mai. Il ne restait plus que le soldat de l'hiver. Winter soldier. Le fruit du projet éponyme. Ils n'avaient certes pas retrouvé le corps de Steve Rogers, mais le projet 'Winter Soldier' était jusque la un succès total. Son personnage était devenu une légende de la guerre froide, à la fois fascinante et cauchemardesque. Mais ses souvenirs retrouvèrent tout de même leur voie jusqu'à leur place d'origine, sous la forme de fragments très abstraits d'une existence qu'il ne reconnut même pas. Des images de guerre, d'horreurs et de désolation certes, mais précédées de concepts de nouveaux, de camaraderie et de liberté. L'instabilité de ses souvenirs ne passent pas inaperçue, puisque le soldat commence à questionner les ordres de ses supérieurs. Ces derniers décident rapidement de mettre un terme à sa confusion en reconditionnant à nouveau son esprit. Il fut placé en cryogénie précédant chaque mission, et anesthésié de toute conscience. Ses souvenirs se trouvaient alors trop faibles pour combattre l'endoctrinement, mais il développait tout de même une résistance accrue à la torture physique et mentale, qui creusera les failles d'un projet à l'origine prometteur.

1950S, the red room // son regard perça la la figure enivrante de la rousse, un frisson confortable embrasant son corps de la tête jusqu'aux pieds. Le soldat trouvait réconfort dans les draps de son élève, teintés d'interdit. Si leur relation venait à être découverte par ses supérieurs, Dieu seul sait ce qu'il ferait subir à l'homme. Mais le risque valait mille fois d'être pris. Pour la première fois depuis longtemps, il eut l'impression d'être humain à nouveau. A la tombée de la nuit, James cherchait inlassablement la chaleur de son étreinte et le parfum de sa chevelure, si bien que celui-ci hantait même ses jours. Elle était promise à un autre homme ; il le savait. Il profitait seulement de l'instant, tant qu'on le lui permettait. Ils n'étaient pas des amants. Ils étaient des armes. Leur idylle ne durera pas une éternité, car ils ne sont ni l'un ni l'autre forgé pour aimer, ou pour être aimés. Et leur aventure fut éventuellement découverte. James paya cher le prix de sa rébellion. Sa loyauté envers ses supérieurs était devenue équivoque ; la sécurité de Natalia formait l'une de ses priorités, chose que le Département X ne pouvait accepter. Bucky fut débarrassé de ses fonctions d'entraîneur à la chambre rouge et de nouveau torturer, jusqu'à ce que la silhouette de l'espionne n'hante plus ni ses jours ni ses nuits. Jusqu'à ce que cette part d'humanité nouvellement retrouvée se brise à nouveau. Comme beaucoup, Natasha Romanoff, et toute l'affection qu'il avait pu lui porter, après des hivers indiscernables, fut restreinte à un souvenir dont le soldat était prohibé de se rappeler. On le métamorphosa une énième fois en une carapace inhabitée, mais l'accumulation de torture et d'endoctrinement ne firent que le rendre plus instable encore. Si ses souvenirs étaient certes probablement perdus à jamais, son mental lui-même se trouvait fragmenté, à peine exploitable.

early 2003, united states of america // le monde croyait le soldat de l'hiver mort. Une légende enterrée, oubliée par la majorité du monde moderne. Mais il n'était rien. Le corps de James se trouvait encore cryogénisé, dans un entrepôt abandonné du Département X, avec d'autres expérimentations inachevées. Quinze années suspendues dans le temps, jusqu'à ce que le Crâne Rouge l'extirpe de son coma, dans l'espoir de l'utiliser contre Steve Rogers, qui venait tout juste de refaire surface de la glace. L'endoctrinement est le même. Le Crâne Rouge murmure les mêmes prières que ses oppresseurs. Les mêmes échos. La même arme ; le soldat de l'hiver n'est pas mort, contrairement aux croyances de certains. Il orchestre plusieurs attentats à travers les Etats-Unis, mais son oeuvre la plus notable est l'assassinat de Jack Monroe, alias Nomad, anciennement Bucky, l'un de ses camarades de guerre, de sang froid. Le blâmer pour les attentats était une tâche aisée : l'état mental de Monroe se dégradait d'années en années. La maladie le rapprochait chaque seconde du trépas, si ce n'était pas la boisson. Le retour de Bucky ne passa pas inaperçu, et lorsqu'il confronta Captain America pour la première fois, quelle ne fut pas la surprise de ce dernier. Son frère, supposé mort dans l'explosion des décennies auparavant, se tenait debout sous ses yeux. Mais il n'en reconnaissait bien que l'enveloppe corporelle. Ce James était loin de celui qu'il avait connu dans les années quarante. La confrontation ne fit que rendre ses souvenirs encore davantage confus. La figure de Steve l'envoyait à une époque qu'il ne considère qu'à peine comme sienne. Une époque foncièrement abstraite, mais bien réelle. Le Crâne Rouge lui donna pour mission de mettre un terme à l'existence de Captain America, néanmoins il ne put s'y résoudre. Aussi chimérique ses souvenirs étaient-ils, Steve Rogers était sa mission. Son ami. Sa cible. Son frère. Plutôt que de confronter la contradiction, Bucky prit la fuite, en quête de ses propres réponses. Il ne parvint pas tout de suite à rassembler le courage de faire face à Steve, quand il peinait dores et déjà à affronter ses actes. Le soldat de l'hiver, Bucky... si les deux identités se confondent, elles semblent toutes les deux tout aussi irréelles.

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present day // bien qu'il ait hérité du bouclier de Captain America, James ne prétend pas être plus digne de le porter que quiconque. Il le porte en guise d'étendard d'espoir pour les victimes de l'influence d'A.I.M, mais aussi sous la bannière de la vengeance. Bucky est déterminé à trouver les responsables de la disparition de son meilleur ami, et sa traque ne s’achèvera que lorsque justice sera faite. Il vagabonde à travers le monde selon ses propres ordres. Il n'appartient à aucun refuge, n'oeuvre pour personne. Ses souvenirs sont pour la plupart encore très obscurs, mais il a pendant très longtemps, et encore aujourd'hui, tenté de racheter ses actions, de laisser son passé en tant qu'assassin derrière lui, et de se concentrer sur ce pour quoi le jeune militaire de seize ans se battait aux côtés de Captain America, il y a presque un siècle de la.

CHRONOLOGIE: