fiche liam

partie histoire


Rien, strictement rien, ne prédestinait Liam à devenir ce qu'il est aujourd'hui. Nulle prophétie, nul devin, n'avait annoncé pareil destin. Pourtant il devait bien y avoir une raison à cela, quelque chose qui expliquerait ce qui l'attendait. L'irlandais naquit au début du siècle dernier dans un hôpital au nord de Dublin, non loin du pub de son paternel où sa mère travaillait, du moins jusqu'à ce que sa grossesse l'empêche de porter de lourds plateaux de Guinness. Il fut le deuxième enfant d'une famille qui n’en compta pas moins de six. De ce qu'il savait, il fut le seul à hériter de ces dons si, particuliers.

Son enfance fut des plus paisible, il reçut une éducation assez simple mais néanmoins conséquente pour l'époque, apprenant à lire, écrire et à compter. Tout ce qui pouvait être utile pour faire tourner le pub familial. Force est de remarquer qu'il était plutôt bon dans le domaine, il écoutait, enregistrait et comprenait à une vitesse bien supérieur à celle de ses frères et sœurs. Il se voyait déjà à la tête de ce lieu chaleureux, avec peut-être une dublinoise pour l'aider à tenir les comptes, quelques enfants sans doute. Liam était un enfant heureux, doux, amusant et optimiste. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Rien n'aurait su affecter le calme de ce lieu si serein.

Son frère aîné fut son idole pendant une longue période. Ce dernier était âgé de deux ans de plus, où qu'il aille, Liam le suivait à la trace, tachant de marcher dans ses pas. Il lui enseigna un certain patriotisme, une haine certaine des occupants anglais que le jeune garçon n'oublia jamais. Cette terre leur était volée depuis près d'un siècle et tôt ou tard, il finirait par la récupérer. Il chantonnait régulièrement un air à ce sujet : où allez-vous camarade ? Avec vos fusils chargés. Nous tendons des embuscades, viens rejoindre notre armée. Ces paroles éprises de violence résonnaient avec innocence dans sa tête d'enfant. Il était à mille lieux de se douter que le bruit des armes était plus proche que ce qu'il pensait.


C'était une guerre sans fin, bien loin des standards des conflits modernes résolut en quelques semaines à peine. Ce qui rendait ce dernier encore plus long était sans doute le peu de changement qu'on y trouvait. L'avancée ne se faisait qu'au prix du sacrifice de nombreuses vies. La royal army grattait le sol avec ses ongles pour avancer de quelques centimètres sur un front, reculant d'autant sur un autre. Où qu'on se déplace sur la ligne de front le paysage était le même : désolation et mort, cadavre et rats, maladie et boue, sang et cratères. La terre était noire, brûlée par les explosions, plus rien ne poussait, plus rien n'existait. Ont eu dit que Dieu avait abandonné l'Homme en ces lieux. Il n'y avait plus de place que pour la violence et la barbarie. Mais ces hommes qui vivait et dormait avec de la boue jusqu'aux genoux, n'avait pas vocation à blesser leur prochain, ils n'avaient aucun désir de tuer. Ils n'étaient là que parce qu'ils y étaient obligés. Tous auraient payé cher pour revoir leur proche et que le conflit s'arrête ici, d'un côté comme de l'autre.

Tous étaient d'horizons différents. Des mineurs, des chanteurs d'opéras, des professeurs, des anglais, des irlandais, des écossais, des canadiens, des français, des vieillards, des adultes, des enfants, des enfants, des enfants. Sombre est l'histoire britannique, leurs musées coloniaux ne se sont pas remplis par le troc, le Commonwealth ne s'était pas créé par l'opération du Saint-Esprit, même si la couronne aimerait bien le faire croire ; et en 1914, alors que les troupes manquaient pour affronter les boches sur le front français, les troupes de la reine n'hésitèrent pas à fermer les yeux sur l'âge de nombre de soldats. Ainsi se retrouva-t-il dans la 16ème division Irlandaise.

Ces quatre années de bataille, que ce soit en Belgique ou à la bataille de la Somme le changèrent à jamais. La joie, la douceur qui le caractérisait disparurent dans les premières semaines de combat, laissant la place à la peur, aux cauchemars. Il n'était alors plus qu'une enveloppe vide, un corps sans âme qui ne répondait plus qu'au sifflet de son officier direct jusqu'à ce que ce dernier disparaisse dans un trou d'obus ou qu'il fonde en sanglots. Liam se souvient avoir vu un homme se couper les oreilles pour ne plus entendre les bombes, un autre se tirer une balle dans la bouche pour ne pas retourner dans le no man's land. Tout n'était que folie là-bas.

C'est durant cette période que ses pouvoirs se manifestèrent. Personne ne voulait vraiment le croire lorsqu'il disait que les balles ne le blessaient pas, qu'elles s'arrêtaient à son contact. Il avait bien essayé de leur dire en lui disant de lui tirer dessus, mais évidemment personne ne s'y était risqué. Lorsqu'il avait fait feu dans sa propre main, on l'avait accusé d'avoir fait un tour de passe-passe, mais lui savait.


Il était encore un enfant lorsqu'il découvrit la guerre pour la première fois, et en sortant de ce qu'ils appelèrent la grande guerre il était un adulte. On eut dit que c'était un cycle sans fin, un cercle vicieux. Les hommes ne cessaient de s'entretuer, de se chamailler pour des lopins de terre. Liam avait perdu son modèle, son aîné pendant la guerre. Cela avait fini de le vider de tout espoir qu'il avait dans la vie. Pourtant il s'apprêtait à reprendre les armes. Pas pour lui, il n'avait plus rien à donner au monde, s'il le faisait c'était uniquement en mémoire de son frère, parce que c'était la dernière partielle d'humanité qui restait en lui, le souvenir ardant d'une famille unie. Ses parents n'étaient plus que l'ombre d'eux même depuis la morte de leur premier enfant. D'autant plus que le pub avait dû fermer, plus personne pour s'y enivrer et la situation financière en Irlande n'était pas des plus rayonnantes.

La guérilla était quelque chose de bien différent par rapport à la guerre de tranchées. Si le combat avait cette fois ci un certain sens, la forme qu'il prenait en était des plus horrible. Il ne dormait certes plus dans la boue, profitait de grande avec de la paille, mais les choses qu'il y faisait en devenaient inhumaine. Des gamins avec lesquels il avait combattu se faisaient trancher la gorge comme des cochons, des amis d'enfance se faisaient fusiller par un tyran sans visage. Liam se souvenait encore du jour où il avait pointé un revolver sur le visage d'un garçon de Belfast à peine plus jeune que lui, jugé pour trahison uniquement parce qu'il venait du Nord de l'Irlande.

Au milieu de ce bordel sans nom, il apparaissait comme une figure. Un héros de guerre, intouchable, inébranlable. D'aucun ignoraient ses pouvoirs, et Liam usait de ce statut pour motiver les troupes. Il ne cherchait nullement à se trouver une nouvelle famille, c'était une manière pour lui de vivre sa vie, de passer le temps, qu'il savait long au vu de la vitesse qu'il mettait à vieillir. Si aujourd'hui il sait que son espérance de vie est trois fois plus longue que celle des humains, il ne commençait qu'à le constater à l'époque.

Pour la seconde et dernière fois de sa vie, il quittait son pays natal, se rendant à Londres pour signer le traité anglo-irlandais, synonyme de fin de guerre et d'un état libre Irlandais. Pour nombre de ses frères d'armes, cela ne signifiait pas pour autant la fin du combat. Mais ses extrémistes ne collaient pas aux idéaux de feu son aîné. Sa mission accomplie, il décida donc de prendre le large en direction du nouveau monde.


Liam arriva à New-York au début de l'année 1922. Il ne lui fut pas difficile de se créer une identité, il n'était certainement pas le premier ni le dernier irlandais à immigrer aux Etats-Unis. Ce fut pour lui l'occasion de réinitialiser sa date de naissance pour mieux concorder avec son apparence. Une pratique qu'il apprit à réitérer avec le temps afin de toujours rester logique par rapport à ce que ses homologues humains pouvaient observer. Seul et sans attaches, il entreprit de découvrir le monde, traversant le pays, découvrant des horizons qu'il n'avait pas envisagé.

Très vite il se rendit compte que cette vie de voyage n’était pas faite pour lui. Toute sa vie il s'était battu, avait porté les armes. Si avec le temps les plaies de la guerre s'étaient grossièrement cicatrisées, il n'en restait pas moins un guerrier, la guerre, le combat avait créé une certaine addiction en lui. C'était la seule chose qui le gardait encore en vie. Seulement comment faire s'il n'y avait plus de guerre dans laquelle se battre ? Liam s'engagea alors dans les rangers au sein d'un nouveau type d'unité.

N'allez pas imaginer des choses jeune gens. Il ne s'agissait pas d'une unité de mutants servant les bienfaits de l'Oncle Sam. L'irlandais ne se battait même pas aux côtés de ce cher Captain America qui faisait la fierté de toute une nation. Ô bien sûr il avait eu l'occasion de le voir en représentation. Non, loin de ça, on parlait plutôt d'une unité de parachutistes, des fous à lier capable de sauter d'un avion en parfait état de marche pour se retrouver au beau milieu des lignes ennemies, tout un programme donc.

Le 7 décembre 1941 fut un jour béni aux yeux de notre mutant. Il marquait le retour à la réalité telle qu'il la connaissait. Le retour à la guerre. Du moins en théorie, parce qu'il lui fallut attendre trois ans de plus avant de retrouver le sol français. Cette fois-ci la peur s'en était allée, ne restait en lui plus que l'impatience. A 44 ans, il découvrait sa troisième guerre. Il se savait différent, dans le bon sens du termes, intouchable sauf preuve du contraire. Il ne portait ce parachute que pour ressembler à ses frères d'armes, sachant pertinemment qu'il n'en avait nul besoin. Avec le temps il avait appris à maîtriser parfaitement ses pouvoirs. Cette sensation de toute puissance était terriblement plaisante. S'il allait atteindre la moitié de siècle, il avait en lui une fougue et une insouciance digne d'un gamin de 18 ans.

La guerre ne cessait de l'étonner sur ce qu'elle provoquait sur les êtres humains. Ces pauvres petits êtres de chair et de sang peinait à suivre le rythme et leur mental laissait à désirer. Liam se souvenait encore des flaques d'urine dans le DC-3, des soldats qui grattaient le sol à mains nue pour creuser des trous de souris sans même se rendre compte qu'ils s'étaient arrachés les ongles.  


Toute sa vie, Liam vécu pour et par la guerre. A croire que son destin était intimement lié à cette dernière. Au cours du siècle dernier, il l’a connue sous toute ses formes. Si au début ce ne fut pas l'amour fou, force est de constater qu'il ne parvenait pas à vivre sans. Celle-là était bien étrange, en total opposé avec tout ce qu'il avait connu jusqu'à présent. Aussi ne pouvait-il pas se comporter comme il l'avait toujours fait en se retrouvant au centre des combats. Il lui fallait cette fois-ci un nouveau point de vue, une vision plus globale, d'ensemble. Avec le temps ses priorités avaient changé, il n'était plus le seul surhumain à sa connaissance. Il était le premier d'une nouvelle race. Une race amenée à surpasser l'humanité telle qu'elle était actuellement. Le fait est que Liam réfléchissait à la chose depuis quelques décennies déjà.

Si Homo Sapiens avait supplanté l'Homme de Néandertal par le passé, son tour était aujourd'hui venu de laisser place à une espèce plus avancée. Seulement la chose ne se faisait pas en un instant, l'histoire l'avait prouvée. On ne réduisait pas une race à néant en la prévenant. Voilà pourquoi il n'avait pas préféré s'associer avec le reste de ses semblables mutants qui combattaient l'oppression. Il préféra rejoindre les rangs de la CIA, là où il pouvait observer lui-même les agissements de ceux qui surveillait les siens.

Evidemment que les comportements fougueux de ses homologues ne l'aidaient pas véritablement à mettre un plan en place. Bien au contraire même, le fait de devoir composer avec un inconnu aussi important dans l'équation compliquait la chose. Mais cela comportait au moins un certain avantage, à savoir qu'il savait directement ce que les autres pensaient de la situation et de ce qui leur apparaissait comme étant des intrus.

Cette nouvelle guerre, celle de toute une vie, celle pour laquelle il était vraiment né, ne pouvait avoir lieu sur un seul continent. Elle ne durerait pas une demi-décennie. Cette guerre allait avoir une ampleur tellement importante qu'elle changerait le monde encore plus profondément que les autres. S'il était le Michel Ange de la guerre, cette dernière serait sa chapelle Sixtine. Liam ne fit pas l'intégralité de la guerre froide sous les ordres de la CIA. Une fois qu'il eut appris ce qu'il voulait il changea drastiquement d'orientation. Il commença alors la création de plusieurs entreprises, usant de tout ce qu'il avait pu apprendre en soixante-quinze ans d'expériences. Le but étant de construire un empire sur le long terme pour faire tomber un empire.


D'aucun auraient sans doute dis que l'AIM était la pire chose qui aurait pu arriver aux mutants, les réduisant à l'état de fugitifs. Sa race n'était plus que des rats tentant vainement de survivre dans l'attente que le jugement dernier soit rendu. Ils étaient à l'agonie, le moment propice pour qu'un messie entre en scène. L'aim offrait à Liam l'opportunité qu'il attendait, un objectif, un but commun, unir les mutants autour d'une cause commune. De ça à les convaincre que le reste de l'humanité avait eu assez de chances, il n'y avait qu'un pas.

Donnez-lui une heure, il est bon. Donnez-lui une journée, il est excellent. Donnez-lui une semaine, il est imbattable. Imaginez seulement 45 ans de préparation. Liam avait formé un véritable empire économique, une ramification à la fois complexe et particulièrement ordonnée dont il était sincèrement difficile de remonter les sources. De cette main il aidait le refuge de Genosha, fournissant une aide certaine dans la recherche de leurs semblables. Bien sur, il ne comptait pas en rester là, il comptait bien devenir indispensable à leur yeux.

De l'autre il travaillait en relation avec l'AIM, tant de reproduire le schéma utilisé lorsqu'il travaillait pour le Central Intelligence Agency. Pour l'heure il lui était évidemment impossible de créer une réelle relation de confiance, l'existence de leur détecteurs de mutants était un frein à ce partenariat. Temps qu'il n'était pas parvenu à soigner cette maudite maladie ni à trouver un moyen de contourner ses tests, il ne pouvait guère évoluer de ce côté.

Le plan suivait donc son petit cheminement, avec cependant un petit bémol. Lui qui n'avait jamais été malade souffrait du mal du siècle. Cela n'était pas une maladie naturelle, mais un poison bien plus fourbe. Sa mutation comportait un avantage, elle était peu visible même si elle était incontrôlée. Eviter les poignées de mains et de mettre la main dans des feux de bois était une chose envisageable. Là où cela se compliquait, c'était quand il fallait sortir dehors et qu'il brillait de mille feux. Cela lui avait pris un certain temps pour reprendre la main. Mais il se doutait bien que traiter les symptômes n'était cependant pas suffisant. Si le futur leader de la race mutante s'en allait aussi bêtement, difficile d'envisager un avenir radieux pour ses confrères.