fiche quill

partie histoire

Ses doigts glissèrent lentement sur son walkman alors qu’il était assis sur le bord de son lit, le regard vide et désemparé, les yeux humides des larmes qu’il refusait de laisser couler le long de ses joues. Après avoir soupiré, il appuya sur le bouton play du petit objet et glissa le casque sur ses oreilles alors que les premières notes de la musique commençaient à résonner.


no.1 redbone - come and get your love
▷ play Les yeux fermés, Peter se laissa transporter par la musique, comme à chaque fois qu'il mettait ses écouteurs aux oreilles. Cette première musique de l'awesome mix lui rappelait ses journées d'adolescence et de jeune adulte alors qu'il vivait encore sur Terra. A l'époque, il vivait dans un orphelinat, sa mère ayant été assassinée par des extraterrestres. Son destin aurait été de la suivre dans la mort, mais il en avait réchappé et s'était retrouvé seul à seulement onze ans. Ennuyé par l'école, il n'avait qu'une seule idée en tête : toucher les étoiles et découvrir cette gigantesque étendue qu'est l'univers. Il avait eu assez de chance pour devenir élève astronaute de la NASA, et surtout assez d'intelligence et de talent. Il le savait, mais il ne s'en vantait pas beaucoup, pas alors qu'il vivait désormais au milieu de génies et de scientifiques bien plus forts dans leur domaine que lui ne l'était dans le sien. Il avait quand même réussi à perdre tous les membres de son équipe un par un sans pouvoir rien y faire. La gorge serrée, le quadragénaire rouvrit brusquement les yeux avant d'appuyer sur le bouton pour mettre la musique suivante, trop perturbé par les différents souvenirs qui l'assaillaient.


▷ next Il avait finalement réussi à atteindre son rêve : la tête dans les étoiles, il ne pouvait pas être plus heureux. Du moins, c'était ce qu'il pensait. Très vite, le besoin de voir plus, de faire plus se fit ressentir et alors qu'il commençait à s'ennuyer durant de sa mission spatiale, il fut approché par des extraterrestres. Si c'était sa mère qui avait commencé par l'appeler Star-Lord, ce fut ces inconnus qui le nommèrent réellement ainsi : le héros et rebel légendaire était né. Ce n'est qu'à partir de cet instant qu'il commença à se sentir réellement bien : il découvrait cette vie d'explorateur et d'aventurier dont il avait tant rêvé au fil des années. Il rencontra son père, il rencontra son oncle et l'assassin de sa mère. Aveuglé par une rage qu'il n'avait que peu connue, il assassina les deux monstres qui lui avaient tout pris : sa mère, son pilier. Cependant, il ne se rapprocha pas de ce paternel qui lui était inconnu, préférant reprendre sa route et voyager seul dans toute la galaxie durant quelques temps. Cette époque datait désormais, il avait l'impression que le temps avait filé à toute allure et en cet instant, il se sentit bien plus vieux que ce qu'il était réellement. C'est une période de sa vie qui lui manquait : il n'avait jamais été aussi libre de ses choix et de ses actes que lorsqu'il avait été seul.


no.3 rupert holmes - escape
▷ next Toutes les bonnes choses avaient une fin, ainsi était la vie. Star-Lord avait fini par tomber sur Yondu et les ravageurs qui avaient été, pendant un temps, sa deuxième famille. L'homme a la peau bleue était devenu ce père qu'il n'avait jamais pu avoir. Ils étaient tous très spéciaux, forcément, mais ils étaient sa famille, ceux avec lesquels il continuait de grandir. Ceux grâce auxquels il avait apprit tout ce qu'il savait faire aujourd'hui : se battre, piloter, voler, mentir. Faire le mal n'avait jamais été aussi plaisant que lorsqu'il avait rejoint Yondu et qu'il était devenu un ravageur. Petit à petit, voler devenait naturel, mentir également. Le héros s'effaçait peu à peu pour laisser place au hors-la-loi, celui qui faisait le mal en souriant et en dansant. Parce qu'à l'époque, il ne se départait jamais de sa bonne humeur, ni de son envie incessante de danser, de faire rire et sourire, de chanter. Mais son besoin, presque vital, de liberté eut bientôt fait de revenir au grand galop, ou à vitesse supraluminique. Il ne supportait plus de suivre des ordres, de passer après les autres, de devoir se plier aux règles que Udonta imposait parmi les ravageurs. C'est la raison pour laquelle il décida de se détacher peu à peu de cette nouvelle famille qu'il s'était créé, tentant de doubler son mentor dans les affaires, espérant se faire une richesse seul et sans aide.


▷ next Sa première - et dernière - tentative d'émancipation avait été de récupérer l'orbe et la pierre d'infinité qu'elle contenait. A l'époque, il ne savait même pas ce que c'était ni à quoi elle servait : il devait juste la ramener à son client et se faire payer. Ce n'était pas très difficile et il l'avait déjà fait des milliers de fois. Seulement... Cette fois-ci, c'était différent. Bien sûr que c'était différent. Il était seul, sans chaperon ni ordres à suivre : c'était lui le patron. Et voler n'avait jamais été aussi plaisant. Seulement, il n'était pas le seul à chercher l'orbe, loin de là. Ronan l'Accusateur la cherchait également, pour son plus grand malheur. Du peu qu'il avait entendu de lui, cet homme, ce Kree, était considéré comme complètement cinglé. Et il avait eu l'occasion de vérifier ces dires. C'est après avoir tenté de vendre l'orbe à son client, qui l'avait bien évidement refusé en apprenant que d'autres, Ronan et Thanos, la cherchaient, qu'il avait fait la rencontre de ceux qui deviendraient bientôt ses meilleurs amis. Il y avait d'abord eu la terrible Gamora, cette femme réputée être la plus dangereuse de la galaxie mais qui lui semblait bien trop belle et attirante pour être celle que l'on décrivait. Il y avait eu aussi Rocket, cette boule de poil un peu trop intelligente mais tellement attachante, puis Groot, la branche préférée de Quill. Ils avaient tous fini au Kyln, et cette expérience n'avait pas vraiment été une partie de plaisir. Ils y avaient rencontré Drax, l'énorme boule de muscles qui ne supportait vraiment pas les métaphores et l'humour, et qui supportait encore moins Gamora et Ronan. Ils s'étaient tous évadés ensemble et après maintes péripéties, dont le sauvetage in-extremis de Xandar, ils avaient fini par former ce petit groupe de héros que l'on connaissait aujourd'hui sous le nom des Gardiens de la Galaxie. Un travail qui ne permettait pas de prendre de vacances mais qui était tellement enrichissant et glorifiant. Ca, c'était la belle époque. S'il le pouvait, Peter ferait tout pour y retourner, mais les choses étaient révolues, et les Gardiens éparpillés sur la planète Terra, séparés les uns des autres sans qu'ils ne puissent rien y faire.


no.5 Raspberries - go all the way
▷ next Peter se laissa tomber sur son matelas, observant le plafond de la petite chambre qu'il occupait, les doigts serrés autour de son walkman, se replongeant à nouveau dans ses souvenirs douloureux. Les années après la formation des Gardiens furent les plus belles : ils sillonnaient la galaxie à la recherche de personnes en danger, d'aide à apporter, de méfaits à commettre. Ils avaient beau être les gentils, ils ne cessaient pour autant de faire quelques forfaits : ils ne seraient pas les Gardiens de la Galaxie sans leur capacité à faire le bien et le mal. Malgré les dangers et toutes les aventures qu'ils vivaient, la vie restait paisible et la team s'agrandissait. De cinq, ils passèrent à six avec l'arrivée de Mantis, cette étrange fille. Plus le temps passait, plus ils apprenaient à se connaître, à s'apprécier. Ils se rapprochaient et formaient cette nouvelle famille que Peter chérissait du plus profond de son cœur. Il ne leur avouerait jamais, mais il les aimait, tous. Ils n'avaient pas le même sang, mais ils faisaient tous partie de la même grande et belle famille. Les missions s'enchaînaient, toutes plus différentes les unes des autres. Jusqu'à cette fameuse journée lors laquelle la Nova Corp leur avait expressément demandé d'aller jeter un petit coup d'œil à la planète Terre, jusqu'alors protégée par ses propres héros. Quelques choses leur semblait bizarre et les Gardiens n'avaient pas discuté, ils avaient décidé d'y aller. Ils étaient à peine rentrés dans l'atmosphère lorsque le bouclier terrigen explosa, causant des millions de morts, causant la destruction du milano, causant la fin des Gardiens. Le petit groupe s'écrasa sur Terre, dans un endroit un peu perdu et ils manquaient de matériel pour réparer le vaisseau qui était bien trop endommagé pour redécoller. Ce n'est que quelques jours plus tard qu'ils furent violemment attaqués par cette étrange entreprise. Rapidement dépassés et en sous-nombre, ils durent tous se séparer et malgré la réticence de Peter à laisser Gamora, il partit de son côté et elle du sien, espérant se retrouver un peu plus tard lorsque leurs attaquants cesseraient leurs recherches. Seulement... voilà deux ans qu'il avait trouvé refuge au Wakanda et qu'il attendait que ses amis le retrouvent et viennent le chercher. Deux ans qu'il espérait pour rien, deux ans qu'on lui disait qu'ils étaient morts et qu'il était seul. Deux ans qu'il refusait d'y croire. Parce qu'il les aimait trop. Parce qu'il l'aimait trop pour l'abandonner. Elle était en vie, quelque part, mais elle était vivante, il le savait.


▷ pause Avec Gamora, ça avait toujours été comme chien et chat : ils se cherchaient sans vraiment se trouver et c'était ce qu'il y avait de plus excitant dans leur relation. Mais petit à petit, Peter était réellement tombé amoureux de la femme la plus dangereuse de la galaxie et il vivait très mal le fait de devoir la partager et de la voir avec d'autres. C'était pas dans ses plans, de tomber amoureux comme ça. Mais il avait dû faire avec, et Gamora valait tout ce qu'il avait pu avoir dans sa vie. Alors il avait fini par arrêter de lutter contre ce qu'il ressentait : ça ne servait à rien de faire comme si de rien était, il avait fini par le comprendre. Et elle avait fini par le choisir, laissant Nova de côté pour lui. Son ego d'homme en avait été flatté, évidemment, mais il lui en avait fallu du temps, à Gamora, pour se décider. Et leur idylle n'avait pas été longue. Quelques mois tout au plus. Et puis il a fallu qu'on les envoie sur Terra, il a fallu qu'il y ait ce malheureux concours de circonstance, il a fallu qu'ils s'écrasent sur la planète sans espoir de repartir, il a fallu qu'ils se fassent attaquer. Il a fallu qu'il perde tout, encore une fois. Il ne se raccrochait plus qu'à cette femme qu'il aimait, et il l'avait perdu. Et désormais, il était seul, bien trop seul, désespérément seul. Mais un espoir subsistait. Parce que tant qu'il était en vie, il ne pouvait se résoudre à l'abandonner, pas alors qu'il savait qu'elle était toujours en vie.


Quill rouvrit brusquement les yeux et se redressa, éteignant son walkman et enlevant ses écouteurs. Il devait la trouver, quoi qu'il en coûte. Et il n'abandonnerait pas. Tant qu'il serait en vie, il la chercherait, il n'y avait pas d'autres alternatives. Il la chercherait, et il la trouverait.