partie histoire02.2019. Agonies.Je ramène mes cheveux vers l'arrière, quelques cheveux blancs parmi les mèches roses et je plonge mon visage dans mes mains. Je suis épuisée, carrément épuisée. Entre les nouveaux mutants qui font que de la merde – y compris ceux qu'on essaie péniblement d'éduquer pour qu'ils évident de... hm... mourir – et ceux qui se font littéralement bouffer par leur mutation. Certains meurent juste comme ça, le corps défaillant, le génome délirant et le palpitant à l'agonie. Ce soir, on attend que Jamie passe l'arme à gauche, et on évacuera son corps. Je me laisse retomber au sol pendant que notre médecin de fortune essaie de faire ce qu'il peut, alors qu'on sait tous très bien qu'il ne le sauvera pas. Au creux de ma main, juste une pointe osseuse déjà couverte de quelques ramifications. Mais qu'est-ce qu'ils nous ont fait, bordel ? Mon regard cherche une réponse sur les visages assombris que je croise et finalement, je prends mon mal en patience, me retenant de remonter pour passer ma colère sur les passants.
Je sais bien qu'on n'est pas en guerre. Mais nous sommes déjà face à la lunette d'un viseur, malgré tout. À partir de quel moment la survie peut-elle passer par l'éradication de notre ennemi ? Je passe la main contre un mur pour essayer de raper l'os sans devoir l'extraire moi-même de ma main. Nous avons déjà prévu des plans de secours, des itinéraires dans toutes les directions pour nous échapper, comme des rats qui trouvent toujours une sortie, parce qu'on se fait pas d'idée, ils viendront un jour. Certains amènent vers les tunnels du métro, des évacuations conduisent naturellement à la sortie de la ville et à travers la gueule qui crache les eaux usées, on sait qu'on pourra sortir si on est assez rapides. Et toutes nos fenêtres sur le monde... les mois passants, il me devient inconcevable d'abandonner le moindre Morlock aux autorités, mais jusqu'à quand on va tenir ? Est-ce qu'il faudrait pas, finalement, que ces héros de pacotille ramènent un peu leur fraise... pour réparer la merde qu'ils ont causé ?
07.2018. La disparition.
Regardez les passants qui courent dans tous les sens... ils n'arrêtent pas de courir, ils craignent le pire. Alors que j'ai voulu sortir, un abruti a marché sur la plaque et m'a écrasé les doigts ! Je me suis extirpée de la bouche suite au bruit qu'on a entendu, on s'est demandé si un immeuble s'était pas cassé le nez en ville. Piper et Mère Inférieure ont envoyé des rats en éclaireurs et j'ai décidé d'aller voir par moi-même. Les gens pointent du doigt, comme des gamins mal élevés. Je plonge les mains dans mes poches et baisse la tête comme j'en ai l'habitude. Pas de mouvements de panique partout, j'en déduis qu'on n'est pas la cible d'un Dieu complètement taré au teint cadavérique ce mois-ci.
Je relève la tête et me faufile parmi les passants. Je m'arrache un os et sans le moindre ménagement, l'enfonce dans une poche. Le bruit d'un crac effacé par les bla bla bla de toutes parts. J'attrape le porte-monnaie, me saisit des billets et abandonne immédiatement le reste. Certains se mettent à courir, d'autres se cramponnent à leur téléphone. Ils braillent dans tous les sens, ils n'arrêtent pas d'appeler, de parler dans tous les sens, je cale ma main contre ma tempe l'espace d'une seconde, les os tirent sur le tissu de ma veste, passent par les trous existants, j'entends le jean qui craque, se fissure, s'arrache. Sur mes bras, des poignards osseux qui repoussent les corps qui peuvent à un moment se presser contre moi. Une tâche de sang d'un côté, de l'autre. Baisser la tête. S'extirper de cette vague humaine. S'éloigner.
Laisser les jours passer...
« MAIS PUTAIN ÇA FAIT MAL, SALE BRUTE ! » que je braille en serrant les poings pour ne pas éventrer quelqu'un dans l'énervement. La jeune femme en face de moi soupire et recule en secouant les bras dans tous les sens, je n'entends même pas ce qu'elle dit, me mords la lèvre inférieure en baissant la tête. À chacun de ses pas, le boucan incroyable de son espèce d'armure de fortune qu'elle a passée pour essayer de se protéger des projections. Les égouts sont devenus un véritable enfer depuis l'explosion, c'est un calvaire ! Elle me crie dessus à son tour :
« Tu t'es crevé un œil, je fais ce que je peux, d'accord ? » Je soupire et tends mon visage vers elle pour qu'elle puisse enfin extraire le coupable et que je puisse me soigner. Elle retire le dernier éclat et je vois ses épaules se baisser dans un long soupir, elle ne cache plus sa fatigue, elle ne cache plus son soulagement et je passe les doigts contre ma paupière pour gommer une larme naissante. J'ai ma fierté, pourvu que j'ai pas bes
« Tu pleures ? » … Je lève mon œil bien valide pour la fixer, sourcils froncés et dents serrés. J'attrape le chiffon qui me sert encore de blouson pour l'instant d'un geste enragé.
« Je sue de l'oeil, c'est bon ! » que je lui réponds et je me dirige d'un bon pas vers la porte, la main plaquée sur mon œil et une partie de mon front. Je me prends l'embrasure de la porte, insulte la terre entière et pendant que Johanna prend sur elle – je le sais – pour ne pas m'envoyer la tête dans le mur, je sors de là ! Elle viendra m'engueuler ce soir, probablement.
Laisser les jours passer... Je m'assieds devant la vitrine d'un magasin et regarde le chaîne d'informations passer en boucle, je pose les mains à plat contre la vitrine et approche mon visage. Je suis le discours sur les lèvres du présentateur, malgré son dépit de paroles imbuvable et quand finalement, sa trogne cède sa place à l'image, j'aperçois l'attaque au Tribunal. Je passe ma langue sur mes dents dans un bruit peu gracieux, sentant un nœud se former autour de mon estomac. Et je prends même pas la voiture. Oui parce que oui, j'ai le mal des transports, et alors ? Finalement, après avoir diffusé leur scène de panique, le présentateur revient pour faire des présentations avec des gars qui sont sensés nous sauver. Vouais. VOUAIIIS...
06.2018. Un titre de U2.
La radio passe un titre de U2, dont je ne parviens jamais à me rappeler le titre. J'en perçois l'écho de loin, capte des morceaux de mots de temps à autres. Une goutte qui tombe avant de renaître, des centaines de fois depuis que je me suis couchée, semble donner une sorte de rythme. Je suis installée dans un renfoncement et de larges rideaux opaques donnent une impression d'intimité, même si l'obscurité n'a point besoin de ces artifices. Certains soirs, « ils » diffusent des lectures avec une voix monotone, des histoires qui se passent à une autre époque, qui content des existences redevenues poussières depuis des décennies, je me lasse de ces lectures mais Mnémos en est friand. Ces soirs-là, je lui laisse la radio et une fois qu'il connaît la fin, il vient se glisser sur l'extrémité de mon matelas, se racle la gorge, fait quelques vocalises – sa théâtralité fait partie de ce qui le rend adorable – et il commence sa propre interprétation. Je le soupçonne de parfois changer quelques personnes. Les beaux yeux bleus deviennent vairons, ou deviennent deux cavités grande ouvertes sur une nuit sans fin ; une silhouette ronde et lisse devient parfois une ombre aux mille et un détails ; parfois il choisit que le monstre aura le droit de s'enfuir et ne point être occis. Je ne m'en offusque pas et je me contente de ces versions. Un jour qu'il racontait les Dieux venus sur Terre pour se battre et pour conquérir, je lui avais demandé si Loki existait vraiment. J'aurais préféré qu'il me dise que non. Ce soir, c'est le bruit d'une goutte qui tombe, renaît, tombe, renaît couplé à U2 qui me maintient éveillée. Ou alors c'est parce que j'ai la dalle. Je croise les jambes en l'air, dans un sens, puis dans l'autre... puis dans l'autre, fait chier ! Je saute de mon lit et attrape mon pantalon, comme s'il était LE responsable de mon insomnie. Lui abandonnant un chapelet de jurons, je m'habille rapidement. C'est toujours embêtant l'été, parce qu'il fait jour jusque très tard et que les gens d'en haut promènent jusqu'à pas d'heure... J'imagine que ceux que je croiserai à cette heure-ci seront trop éméchés pour s'arrêter sur une passante. J'enfile quand même un débardeur et mon pull... tellement troué que je peine à trouver où je dois passer mes bras. Je l'aimais bien celui-là en plus, mais c'est compliqué de se fringuer. Je passe les doigts dans ma nuque, retire un morceau d'os et l'abandonne à mes pieds. Monde d'en haut, j'arrive !
Une longue marche m'amène à la sortie du boyau qui mène dans le Bronx. Parfois, il m'arrive de croiser un toxico ou deux mais ils ne restent jamais bien longtemps et nos regards ne se croisent jamais. Ils aspirent à demeurer tranquilles, pendant leurs affaires et moi je ne fais que passer. J'enfonce les mains dans mes poches, les salue ce soir d'un simple mouvement du menton. Quand je mets le nez dehors, je remarque tout de suite qu'il pleut. Ce n'est pas la même humidité qu'en bas, c'est une averse passagère due aux fortes chaleurs de ces derniers jours. Quelques gouttes claquent sur la carapace osseuse, mais c'est plaisant d'en sentir d'autres contre ma peau. Je m'assieds là, assez proche pour pouvoir fuir et retourner chez moi si le besoin s'en fait sentir, mais assez loin pour profiter de l'extérieur.
Regarder les passants qui courent dans tous les sens...Ma mutation est moins incontrôlable ces dernières années, je repense à mes quelques enfants qui partagent leur vie entre le monde d'en bas et celui d'en haut, profitant de leur superbe pour nous aider à subvenir à nos besoins. Je passe la main sur ma nuque. Une mèche rose de retour, m'a-t-on dit. Quand les passants se mettent à courir, ils ne deviennent plus que des ombres pressées. Regardez-les, s'activer, sans se soucier de ce qu'il se passe sous leurs pieds. Je crache par terre.
2006. Le retour. Pas de règles.
« Il a fait quoi ? » Il regarde autour de lui avec appréhension, je le vois bien. Son corps se tasse, se rentasse sur lui-même et il finit par s'accroupir face à moi. Je ne daigne pas bouger, c'est pas la première qu'un ou deux se ramène ici pour me demander de revenir mais qu'est-ce que je vais faire ? Me pointer bouche en cœur et dire que je réclame ma place ? Je hausse finalement des épaules puis croise tranquillement les jambes, étant clairement en position de décider voir d'exiger.
« Il a dégagé Mère Inférieure » qu'il m'explique, serrant les lèvres pour éviter d'en dévoiler trop. Je tapote le carton sous mes fesses du bout du doigt. Ça fait longtemps que je suis là, assez longtemps pour avoir accumuler assez de rage mais je n'ai plus de légitimité auprès des Morlocks. Ils sont trop nombreux à avoir rejoint Erik, et j'ignore à présent ce qu'il veut savoir à notre sujet. Même si la famille s'est déplacée, j'ignore si un jour, il ne voudra pas venir nous emmerder en bas. Mais si les Morlocks ont jugé à un moment donné que nous devions nous exposer à la face du monde pour lutter contre les humains, c'est que nous ne sommes plus debout sur le même socle de valeurs. Je vois la survie, quand ils veulent voir une guerre permanente. Je ne veux pas d'une guerre permanente. Je ronge mon ongle de secours, sur l'auriculaire droit, en pesant le pour et le contre. Se faisant, j'émets quand même un problème de taille :
« Quand j'ai dit à cette bande de crétins de ne pas partir, ils n'ont pas obéi. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? J'y vais, je trucide cet abruti et j'ordonne à tout le monde de rester là et de la fermer ? »L'idée semble pas lui paraître mauvaise parce qu'il pince les lèvres en haussant doucement des épaules, comme si je lui ôtais les paroles de la bouche. Je soupire et tends la main pour qu'il m'aide à me redresser, il considère la main que je lève dans sa direction et la prend finalement pour me filer un coup de main. Encore plus lentement, superman ! Alors que je m'attends à un hourra de gratitude, il se contente de faire de l'air devant son visage en s'exclamant :
« Marrow, tu pues ! » Quoi ? Je suis exposée plein sud depuis deux mois, je suis en plein courant d'air là ! Je me redresse et le regarde de biais en ramassant mes affaires réunies dans trois sacs à dos. Dégage, patate.
Je le suis sans trop broncher, retiens les nouveaux itinéraires, constatent les déménagements, les changements pour me retrouver finalement face à un mutant qui fait deux têtes de plus que moi, et qui semble relativement satisfait de me voir là. Je baisse sensiblement la tête.
▬ Ceux qui ne sont pas Morlocks ne sont pas admis ici.▬ Ouais, je sais réponds-je simplement en haussant des épaules. Je baisse davantage la tête et me laisse tomber sur les genoux. Un claquement sec se fait entendre au moment où je rencontre le sol
▬ T'es venue te battre ? … Enfin c'est probablement ce qu'il voulait dire. Sans trop d'introduction, j'ai tendu le bras dans sa direction comme pour une poignée de main. Il a esquissé un sourire et il s'est légèrement penché dans ma direction avec une sorte de satisfaction, sans prendre ma main que j'ai gardé levée sur lui. Ce qu'il a dit, c'est « t'es venbleurf » à vrai dire. J'ai gardé le bras dans sa direction et un prolongement de mon bras est venu passer à travers sa cage thoracique, à travers sa gorge. J'ai le vé la deuxième main et ai enfoncé les os maculés de mon sang dans son corps déjà secoué de spasmes. Fair-play ? Est-ce qu'il faut encore être fair-play ? Il lui suffirait de quelques instants pour me tuer avec son propre don alors je brise les os qui nous lie et je recommence à laisser les excroissances perforer les chairs, éclater les artères, j'arrête pas d'entendre des onomatopées qui giclent et suintent, des splouch qui éclaboussent bientôt les murs, et moi avec. Finalement, je me redresse. Je regarde mes mains, elles tremblent.
▬ Maintenant, c'est moi qui donne les ordres... Je reprends mes sacs, demande qu'on nous dégage le corps cloué à la cloison bétonnée et vais retrouver
mes égouts.
2003. Espoirs. Extinction.
▬ J'ai envie de VIVRE d'accord ? … Cette phrase stupide que j'avais clamée pour pouvoir sortir alors que dehors, c'était la catastrophe. Les combats entre mutants font souvent des tas de dégâts matériels et petit à petit, on voit l'opinion populaire se retourner tout doucement contre ceux et celles qu'elle identifie comme les menaces potentielles. J'accompagne les Morlocks quand ils sortent parfois pour récupérer l'un des leurs et je m'étonne toujours que ces sorties n'aient pas lieu en pleine journée. Et il y a des tag, ici et là... il y a des unes de presse qui passent et que je ne parviens pas à comprendre mais je vois jour après jour les visages de mes frères et de mes sœurs qui se succèdent sur ces photographies. Mes amis me lisent les titres phare. Ils nous appellent « menaces », ils nous appellent « danger », ils nous appellent « chute » ou « déclin ».
Il m'arrive encore de me rendre dans les superettes, et j'en viens à me retourner quand j'entends un chuchotis dans mon dos. Il m'arrive de craindre des frappes préventives et quand je vois des uniformes de police, un frisson me parcourt l'échine. Une sorte de guerre génétique émerge comme un murmure. Chaque jour, chaque jour, chaque jour à l'extérieur, on nous ramène à notre génome, à notre apparence physique et à tous les stéréotypes qu'ils renvoient.
Au début, j'ai aussi voulu leur donner une chance aux humains. J'ai voulu charger de mes espoirs ceux qui disent qu'ils ne voient pas la différence, qu'on est tous les mêmes pour eux mais ceux-là sont les pires parce qu'ils ne voient rien justement. Ils ne voient pas la différence de traitement, ils ne nous voient pas contrôlés, arrêtés et enfermés. Ils ne voient pas les foirages dont nous faisons les frais. Ils ne voient pas les mines choqués quand on montre notre gueule.
Au début, j'ai aussi voulu leur donner une chance aux humains mais ils s'offusquent de nos peurs, ils se vexent de nos rages, ils se braquent de nos colères. Quand les mutants restent entre eux, la réaction des humains ne manque pas de faire suite. Nous sommes quoi ? Que disent-ils ? Qu'invoquent-ils ? Communautarisme ? Entre-soi ? Quand les mutants veulent se mêler au monde, la réaction des humain ne manque pas de faire suite. Nous sommes quoi ? Que disent-ils ? Qu'invoquent-ils ? Invasion ? Extinction ? Pourrons-nous y arriver un jour ? ….
1997. Attaque de Loki sur Terre
Les murs tremblent. Je cale un bras au-dessus de ma tête pendant que ma main écrase celle de mon père. Plus loin quelqu'un fait un compte à rebours selon une technique nouvellement élaborée qui consiste à attendre vingt secondes après un impact, si aucune réponse ne se fait sentir, on peut sortir. Nous sortons par petits groupes, des sacs vides dans le dos. C'est regrettable mais c'est en période de chaos qu'il faut penser aux jours prochains, nous sortons piller les magasins qui ne l'ont pas encore été, en espérant qu'on pourra prendre ce qu'il faut sans se faire écraser par un monstre de l'espace. Le septième groupe s'élance, je sens les doigts de mon père glisser contre les miens. Un peu de sang glisse le long de ma tempe...
Les murs tremblent. Des fissures lézardent la paroi à notre droite et vient se glisser au-dessus de nos têtes mais on nous répète
« pas tout de suite ». L'attente s'accompagne de la pression de mes dents contre ma lèvre inférieure, les bruits d'au dehors résonnent et se touchent du bout de nos doigts sales, les frissons du béton froid. La chute d'un long objet qui semble durer indéfiniment, capture une seconde le rayon de lumière qui ne tarde pas à revenir.
Une seconde... les sirènes de police s'éloignent et il me prend de faire un pas pour lever les yeux vers le ciel, à travers le passage. Deux secondes... Au loin, une partie d'un cerceau bleu qui s'ouvre sur le néant capte mon attention, je tends les doigts dans sa direction en sachant que... je retire ma main. Trois secondes... Est-ce un cauchemar qui s'ouvre et sont-ce les monstres qui dorment habituellement le lit qui se déversent ? Quatre secondes... Les battements de mes cœurs comme un tambourinement qui m'empêche de réfléchir et mon regard qui ne parvient pas à se détacher du monstre qui descend. Je pose la main sur ma cage thoracique, sentant mes rythmes cardiaques s'envoler, une main invisible me compresse la poitrine et j'ouvre la bouche sans trouver assez d'air pour pouvoir respirer correctement. Vingt-deux sec... vingt-deux... Je cligne des yeux, juste à temps pour voir mes compagnons monter sans m'attendre. Je ne peux pas bouger, je ne peux pas y aller. Attendez-moi... Au-dessus de nous, le cerceau bleu fait place à des colonnes enflammées, des sortes de rayons bleus qui passent ici et là, dans un boucan qui n'en finit pas. Une voiture qui vient boucher la sortie termine de me condamner à demeurer là.
Les murs tremblent. Je cale un bras au-dessus de ma tête pendant que ma main dégage mes cheveux des éclats bétonnés qui commencent à me tomber dessus. Il n'y a plus de compte à rebours et je me recroqueville sur le côté, protégeant simplement ma tête. Je suis terrorisée. J'ai peur, tellement peur que mon stupide pouvoir n'arrête plus de tirer sur mes os qui ne se détachent même pas. Crac. Craaaac. Splouch. Craaaac. Je reprends le compte à rebours, peut-être qu'après vingt secondes, tout ira mieux ? Peut-être que... ?
Chronologie sommaire.
2020. Les Morlocks continuent de pulluler dans les égouts, cherchant une solution avant qu'une mission du gouvernement ne vienne les sortir comme des rats...
2018. Événements qu'on connaît, le nombre de nouveaux mutants grandit mais la traque qui est faite s'intensifie en parallèle. Les règles chez les Morlocks se durcissent et la prudence devient la règle d'or. Les vols à l'extérieur s'amenuisent.
2011. Compte-tenu des derniers événements, Marrow chasse sa compagne qui a une apparence « passe-partout » pour qu'elle puisse vivre à l'extérieur. Les raids s'intensifient pour récupérer argent, nourriture et récupérer des mutants considérés en danger. Quelques mutants choisissent de vivre à l'extérieur et apportent un soutien surtout financier à la « famille du dessous ». Les mutants bougent plusieurs fois à cette période à cause de travaux importants sur les égouts de la ville. Ils rejoindront des quartiers finalement délaissés par la ville.
2006. Petit putch en douceur, pour protéger une mutante et à la demande de quelques mutants qui lui sont restés fidèle, Sarah revient et reprend sa place par la force. Elle fera suite dans les semaines suivantes à quelques tentatives de mutants de reprendre la tête du groupe, elle les tuera sans plus de cérémonie.
2004. Après avoir tenu la tête des Morlocks pendant deux ans, suite au départ de plusieurs Morlocks pour grossier les rangs d'Erik ou, pour quelques-uns, suivre Charles, Marrow abandonne les égouts et sa place.
1997. Attaque de Loki – doigt accusateur – durant laquel le père de Sarah disparaît, ainsi que de nombreux Morlocks. On ne saura pas ce que la majorité est devenue, tout simplement parce que les Morlocks n'iront pas reconnaître les corps et que les leurs n'ont pour beaucoup aucune existence légale (pas d'adresse, pas de permis, pas de famille déclarée...)
1985. La mère de Sarah, dont le nom sera tu des Morlocks, cherche à partir avec sa fille dont elle pense qu'elle n'est pas porteuse du génome mutant. Le mère de Marrow refuse mais lui laisse l'opportunité de s'en aller. Officiellement, elle est repartie pour vivre parmi les humains.
1982. Naissance dans les égouts de New-York d'un père mutant et d'une mère humaine. On prénomme l'enfant Sarah. Ses quelques cheveux – c'est vrai que je ressemblais plus à Churchill qu'à Barbie – sont blonds, elle semble « normale ».